Ce que nos filles ont à nous dire

Une enquête choc sur la vie des filles de 13 à 20 ans. Cette génération pourrait bien changer la société. Elle a déjà commencé, en changeant le regard des medias sur la question des femmes, un tour de force.

 

« Dans la rue, j’ai l’impression d’être une proie ». Combien de temps encore, Léa 13 ans, devra-t-elle penser aux remarques, aux regards, quand elle s’habille le matin, marcher d’un pas rapide, ses écouteurs vissés aux oreilles ? En ville comme à la campagne, dans la rue comme sur les réseaux sociaux, l’insouciance et la spontanéité leur sont étrangères.

Pourtant elles n’entendent pas baisser la tête. Elles avaient entre 8 et 15 ans quand me-too a forcé l’écoute. Elles sont plus conscientes et matures que les générations précédentes, dans une société qui, elle, a peu bougé. À l’image de Laura, interpellant le Président sur son soutien à des ministres accusés de viol. « Pourquoi ? » Dans un monde qui leur promet un sombre avenir, c’est aussi la génération climat, celle de Greta Thunberg. Ce que nos filles nous disent est à la fois terrible et porteur d’espoir.

Ce livre révèle leur finesse d’analyse, leur bienveillance, leur audace, leur courage et leur détermination. C’est la première génération qui s’attaque aux racines des violences et des injustices. Celle qui bouscule le genre, la féminité, le féminisme, l’écologie, convoite de nouveaux métiers. Celle qui s’impatiente, revendique. Légitime.

Journaliste pour La Croix et la presse jeunesse, Florence Pagneux est partie de plus de 800 témoignages exceptionnels de l’étude Auxfillesdutemps. Elle a ensuite interrogé des acteurs et actrices de terrain, des expert.es, d’autres filles, pour compléter les regards et déconstruire ce qu’une société ne peut plus ni ignorer ni permettre.

Pourquoi ce livre touche-t-il des médias si différents?

Dix jours après sa sortie, nous saisissons la force de ce livre qui transcende les clivages habituels : il interpelle au plus large. L’autrice est sur C8 comme sur France Inter, dans L’Humanité et dans Ouest France, dans Causette et sur France 5, dans Le courrier de l’Atlas au Maghreb, dans Period média phare des jeunes. “En tant que professionnels, en tant que société, on apprend beaucoup et ça fait réfléchir !”, la RTBF « époustouflée ».

Il y a LE SUJET, celui des jeunes filles, abordé pour la première fois. Chacun, chacune a une fille, une sœur, une amie de cet âge. L’injustice saute aux yeux. Leur vision impressionne. C’est un support pour parler du genre, du jugement, de leur vie dans l’espace public, d’éducation sexuelle, des violences, des métiers, du rapport au corps.

Il y a L’AUTRICE, le recul journalistique de Florence Pagneux dépassionne le sujet, tout en le posant avec force. Le lecteur, la lectrice, les journalistes sont disponibles, ouverts, notamment celles et ceux qui d’ordinaire sont réticents au sujet des femmes.

Et il y a CE LIVRE que plusieurs libraires qualifient d’accessible (là où les essais féministes peuvent paraitre ardus pour un lectorat peu initié), le placent aussi au rayon société ou parentalité. Ce livre choque sur l’état des lieux, revigore par la détermination de cette génération, offre de nombreuses ressources pour aller plus loin et aider les pro, les asso, les jeunes, les parents.

En coulisses, le travail d’édition sur ce livre particulier

Ce livre est l‘entrelacement de plusieurs personnes autour d’une même intention.

2021, une rencontre avec Alexandra et son enquête Auxfillesdutemps, à l’époque c’était 800 témoignages de jeunes filles de 13 à 20 ans (aujourd’hui le double). 40 minutes de leur temps pour répondre. Imagine l’implication de ces jeunes filles, et la détermination d’Alex collège après lycée, commune après commune pour leur donner la parole. Leurs mots sont une claque. Yannick et moi sommes papa et maman de deux jeunes filles nous savions, mais pas autant, pas tout cela. Et pas cette puissance aussi, leur audace. Nous voulions depuis longtemps porter ce sujet avec La Mer Salée.

A partir de ce matériau précieux, nous cherchons une autrice capable de le respecter pour que cette parole des jeunes filles soit première, tout en l’éclairant d’autres regards, de terrain, d’expert, de ressources. Nous connaissions le travail de Florence Pagneux à La Croix et pour la presse jeunesse, ses portraits, ancrés. Florence s’empare du sujet tout de suite, avec un regard très large, et la volonté de donner à voir, à penser, sans imposer ce qu’il faut en penser. A chacun et chacune de s’en saisir. Dépassionner un sujet tout en le portant avec force.

Nous avons toutes et tous à coeur que la parole des jeunes filles reste centrale. Leurs mots ouvrent chaque chapitre. Nous voulons que les experts, les adultes interrogés restent en fond, mais ce n’est pas si simple. Les témoignages des jeunes filles sont pour la plupart anonyme, l’anonymat peut éclipser. Nous testons une option éditoriale aventureuse, gommer le nom et prénom des expert.es pour qu’ils et elles ne prennent pas l’ascendant (sauf en notes). Mais c’est trop. Dans cet entrelacement il y a aussi la pertinente Anne Vaudoyer à qui nous confions les relations presse, elle a la franchise et la justesse de nous dire que cela rend le livre hors-sol, flottant, « un médecin c’est imprécis ». Ces regards d’adultes sont des bouées, pas plus, mais pas moins non plus. Il faut bien s’y accrocher. Nous revenons à plus de classicisme, Florence doit sacrifier certaines de ces interviews quand elles prennent trop de place.

Il n’y aura pas de préface d’experte pour attirer l’oeil sur le livre. Le légitimer ? Ce sera une jeune fille à l’entrée, une autre jeune fille à la sortie. Qui de plus légitime ? Nous avons rencontré Maïwen Petton et Ilona Ropaul à la pièce de théatre que Alex a initiée, une représentation mémorable., dont vous trouverez la bande originale musicale en annexe du livre. Et c’est une jeune fille encore qui relira tout le livre pour en valider la justesse, Violette Soulé 18 ans, étudiante en édition. Car le vocabulaire est une arme de précision pour cette génération, une bataille.

Retrouver ce livre, sorti le 20 octobre 2022.

Il est dans toutes les libraires. Conquis par l’ouvrage, les libraires ont déjà décidé que ce serait un très beau cadeau de Noël, une passation entre génération, entre militant.es ou aspirant.es. Il est également sur le site lamersalee.com , où vous pouvez retrouver différentes interviews de l’autrice et les critiques des libraires.

À Nantes l’autrice, Florence Pagneux sera aux Assises nationales de lutte contre les violences sexistes le 26 novembre et le 6 décembre à Openlande en rencontre . Pour chacune il y aura également Sandrine Roudaut éditrice et Alexandra Benhamou,  productrice de l’enquête.

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